Nous randonnions sur les hauteurs
D'où l'on voit jusqu'à l'équateur.
La main dans la main du bonheur,
De notre vie étions acteurs.
Nous butinions parmi les fleurs,
Nous récoltions des bouquets d'heures
Qui s'étiraient dans la langueur,
Voguant dans une suave tièdeur.
Mais un jour elle se détacha
Sans prévenir, elle me poussa
Tout au fin fond de la vallée
Où on ne sait pas respirer.
Là j'étouffais, là je mourais,
Sans fin en ronds, je tournoyais
Aucune sortie je ne trouvais,
Et bientôt je désespérais.
Pas de point de vue du fond de la vallée.
Perdu, on ne sait plus comment s'orienter.
Le soleil n'y vient jamais vous réchauffer.
C'est où règne le monde d'obscurité.
On ne parvient plus à rester insouciant,
Noyé, on ne sait plus d'où souffle le vent.
Effondré, on s'imagine des questions.
Et ce n'est pas le pays des solutions.
Pas de sortie, non pas d'issue !
Irrémédiablement perdu !
Combien de temps, combien d'années
Serai-je condamné à errer
Dans cette vallée qui me déplaît,
C'est là sans doute que je mourrai.
Le grand jour où dans le ravin
On me collera le mot Fin.
Damnée
vallée, moi qui aime les crêtes.