Etant fils unique et surprotégé,
Je n'avais pas vécu la promiscuité
Avec les enfants qui avaient mon âge.
J'étais obéissant, bref un garçon très sage.
Je ne savais pas chahuter car ça me déplaisait.
Mes parents ont décidé d'y remédier
En m'envoyant dans un camp cet été,
En colonie de vacances, je redoutais d'avance.
J'ai alors demandé
Comme cadeau d'anniversaire
De ne pas m'envoyer,
Mais ce fut refusé.
Je m'y rendis donc avec appréhension,
Et j'avais bien raison car ça s'est mal passé.
J'y suis devenu aussitôt blaireau.
Ils étaient délurés et aimaient bizuter.
Une après-midi de sieste obligatoire,
Nous étions au moins trente dans ce triste dortoir.
Là tous initièrent une lutte de polochons.
Tous se levèrent sauf moi, n'étant pas polisson.
Le grabuge attira un moniteur
Qui demanda ce qui se passait là.
Tous m'accusèrent de mauvaise foi.
Le mono maladroit et qui ne me connaissait pas
Le crut tout aussitôt, me fit lever de mon pageot.
Il me gifla si fort que j'allai valdinguer
La tête contre le mur, je fus vraiment sonné.
J'ai mis bien longtemps à me récupérer.
Je ne dis rien aux autres, je me sentais bafoué.
Le mois se passa mal.
Une fois rentré à la maison,
Je contai mon odyssée
A mes parents très offusqués
Qui décidèrent heureusement
De ne jamais plus m'envoyer
En colonie de vacances,
Merci, Papa, merci Maman.
Cette gifle m'a porté chance.
C'était avant Pierre Perret.
Youkadi-adi-ada.
Cette aventure est absolument authentique.
Colonie S.N.C.F. de Champanges (74), 1964.