Le soir au bord de la Cèze,
Lorsque les milans s'apaisent,
Se faufiler dans l'eau fraîche
Et regarder les pierres sèches
Qui émergent au soleil,
Les libellules qui surveillent
Leur future dernière proie,
Ultimes canoës qui louvoyent.
Baigneurs de l'après-midi
Partis dîner au bouibouis,
La rivière rien que pour nous
Et le héron qui s'ébroue.
Les ombres qui se rallongent
Baignent les galets de sombre.
Le niveau est très très bas,
On ne peut nager qu'à plat.
C'est la Cèze en été,
Un réconfort, un bienfait.
Son débit, la misère.
Tout de même, elle exagère.
Entièrement gardoise
Entre Villefort et l'Ardoise.
Elle draine masses de touristes
Dans ses campings naturistes.
Alors que l'hiver venu,
Elle s'habille de fortes crues,
Charrie des arbres vaincus.
Les castors seront repus.
Elle submerge des ponts
Dans des flots plutôt marron.
On ne saurait s'y baigner,
On serait vite emporté.
Toutes les rivières connaissent
L'enfer après la saison sèche.
Elle ira au Rhône glacé
Pour un peu le réchauffer.
Son cours est diversifié,
Assez long et méandré.
Elle recueille tant de ruisseaux
Qui lui grossissent les os.
C'est la Cèze en hiver.
Son côté plus austère.
Son débit, c'est l'enfer,
Tout de même, elle exagère.
Je ne veux garder d'elle
Que l'image intemporelle
D'un plaisir de baignade.
Le reste n'est que balivade.
Mesure
à sept temps.