Les vives couleurs sorties du tube
Se bagarrent sur la palette.
Le pinceau entre elles titube,
Les bigare en drôles de spiralettes.
Reluisantes et très odorantes,
Pour sûr, elles embouillent les sens
De térébenthine et de vernis, sage nuisance.
Dans le salon en large attente.
Promises à devenir un rêve,
Lorsque le tableau plus tard s'achève.
Sur la cimaise, les glacis se taisent.
Dans leur genèse, les lavis sont malaises.
Peu importe qu'ils plaisent,
Viendra plus tard la synthèse.
On ne sait pas encore si prendra la mayonnaise.
Les vives couleurs se diluent vite
En tons gris presque anthracite.
Le pinceau entre elles s'ébouriffe,
Le couteau est par trop incisif.
A des moments plus ou moins forts,
Les formes décident elles-mêmes de leur sort.
Seront-elles abstraction, peut-être figuration ?
La tâche ne sera terminée
Que dans l'esprit du spectateur,
Espérons qu'il sera acquéreur.
J'ai
été peintre, mais ce ne peut être moi,
car l'artiste évoqué ici peint à l'huile, moi à
l'acrylique.
Et bien que je survivais alors de mes tableaux,
Je n'était pas aussi mercantile pour la fin de la chanson.