On nous appelait les vacataires,
Et nous remplissions la mission.
Nous n'avions rien du missionnaire.
Ce n'était pas notre fonction.
Ne va qu'à terre,
Sinon tu es mensualisé.
De nos jours, ça s'appelle :
CDI et CDD.
Le marketing, les études de marché,
Alors commençaient à poindre le nez.
Et c'est bien là qu'on allait bosser,
Une dizaine de potes de la MJC.
Nous choisissions nous-mêmes nos horaires.
Nous venions quand nous le décidions.
Nous calculions nous-mêmes nos heures,
Nous faisions signer par le manager.
Si nous avions travaillé deux heures,
Nous ne marquions pas huit heures mais treize.
Je peux vous dire que ça passait à l'aise.
A l'aise, à l'aise...
Nous nous sentions comme chez nous.
Ensuite la boîte a fait faillite,
Pas seulement à cause de nous.
Vous verrez, attendez la suite.
Pour nos blagues téléphoniques,
A des numéros au hasard,
En Australie, en Afrique,
En Asie, au Canada et à Madagascar.
Nous y découpions des espions,
Que nous glissions
Derrière les documents.
Ça faisait sourire le patron.
Mais s'il y avait du boulot en urgence,
Alors nous bossions
Toute la nuit durant comme des dingues.
On nous sustentait et une fois fini,
On nous glissait des billets.
En short, nous venions débraillés,
Sur l'épaule, la serviette de bain.
Par chance, ça plaisait aux clients,
Trouvant ça sympa, bon enfant.
Je jouais "Ne pleure pas Jeannette"
Sur le parking, de mon tuba,
Les employés tous aux fenêtres
Disaient "C'est les vacataires". Ils étaient rassurés.
Les chefs, les cadres qui tous étaient des copains,
Avec nous, étaient aux petits soins.
C'était tellement agréable et plaisant
Que j'y suis resté pas loin de cinq ans.
C'était tout juste avant les crises,
On trouvait un job le jour-même.
Ce n'est pas de la vantardise.
Dommage que ça ne soit plus si bohème.
Car on n'imaginerait pas
De nos jours, une boîte comme ça.
Tout
est vrai, Makrotest à Puteaux en 1970.