Entre Sylvestre et Basile,
Avec ma coupe à la main,
De l'autre, vite je m'enfile
Mes douze grains de raisin.
C'est bien charmante coutume
Que fidèlement j'assume
En guettant la cloche, avide,
A capter sur Radio-Madrid.
Depuis la Puerta del Sol,
Pour fêter l'an inédit,
Se ponctue la farandole
Des douze coups de minuit.
Chaque son que la cloche assure,
On doit engloutir un grain.
Il faut bien garder l'allure,
Donc ne pas être lambin.
Avec l'aide du Cava,
Le champagne de là-bas,
On parvient à avaler
Ces raisins somme toute enflés.
Mais si on rate son grain,
C'est douze mois de pépins.
Si on avale de travers,
C'est sûrement la galère.
Tout ça est censé aider
A passer une bonne année.
Je n'y crois pas, je fais ça
Seulement parce que c'est sympa.
Il y a tant de traditions
Stupides à la perversion.
Nous pourrions bien adopter
Ce rite très ibérisé.
Quand j'étais encore là-bas,
Ça se passait à la Fonda.
C'était Pepe qui clochait,
Mais sur un rythme effréné.
La
Fonde Pepe, lieu mythique, à Formentera.
Le vieux Pepe aimait ce privilège de faire tinter les douze coups
sur la cloche à pourboires.
Je n'ai jamais réussi à savoir s'il le faisait aussi vite par
malice
ou par ignorance. Il était illuminé pendant la chose et ça
peut
vouloir dire les deux. En tous cas, personne ne pouvait tenir
le ryhtme... Gloups !