Lorsque j'étais un blaireau, je ne me trouvais pas vraiment beau.
Mon duvet sur le museau, mes boots usées, ma veste "Mao".
Cul sec, trois, quatre formidables, je me torchais alors à la bière.
Je pissais ça sous la table, pour ne pas risquer d'tomber par terre.
Ma drague était plus que nulle, les filles de mon âge m'aimaient
bien,
Mais pour le flirt et les palots, toucher les nénés, c'était
tintin.
Faut dire que comme j'm'aimais pas, j'étais timide comme un koala.
Je m'accrochais aux chandelles, sans copilote de bagatelle.
Lorsque j'étais un blaireau, j'avais des mobs, parfois une moto,
Que je conduisais à fond, les deux pieds posés sur le guidon.
Plus tard, j'ai eu une "Dauphine", peinte en rallye, râclant
le bitume.
Avec quatre anti-brouillards, jantes alu, dans le coffre une enclume.
Qu'allais-je faire de ma vie, faut dire que c'était pas mon souci.
Sortir avec les copains, pour déconner au quartier latin.
Juste prendre du bon temps, profitant du fric de mes parents.
Un job à la noix parfois, mais je claquais tout à tour de bras.
Lorsque j'étais un blaireau, j'avais une collection de zéros.
Et quand je chahutais trop, je me retrouvais chez le dirlo.
Je ne foutais rien en classe, il fallait toujours que je rêvasse.
Les profs étaient souvent nuls, on leur collait du chewing-gum au cul.
On écoutait les yéyés, sur un teppaz ou bien un k7.
C'était navrant, c'est pourquoi on a voulu changer de vedettes.
Chaque jour, "Salut les copains" de quatre à six heures sur
Europe Un
Nous a bellement déniaisés en nous présentant des groupes
anglais.
Lorsque j'étais un blaireau, j'étais un simple fils de prolos,
Qui travaillaient au métro, bien syndiqués mais pas des cocos.
Moi, je me croyais gaulliste, j'étais dans un monde capitaliste.
En fait, j'n'y comprenais rien, car je n'étais pas un blaireau fin.
Profitablement pour moi, d'autres amis m'ont ouvert les yeux,
Et j'ai commencé à voir qu'on pouvait être un peu plus
sérieux.
Ma vie ce jour a changé, j'ai commencé à m'émanciper.
Merci mes amis, bravo, grâce à vous j'ai été moins
blaireau,
Moins blaireau...
On est toujours un peu blaireau quelque part,
c'est difficile de se déblaireauter complètement.