Ma profession, ma foi : suis chauffeur d'autobus.
Ma profession de foi : autochauffeur de bus.
Sur le devant de ma monture,
S'affiche comme une blessure,
Ce beau slogan très accrocheur :
Ce bus ne prend pas de voyageurs.
A l'intérieur, mauvais augure,
Un écriteau sur l'armature
Interdit de parler au chauffeur,
Ne décourage pas les locuteurs.
Certains me prennent par l'encolure,
Et je m'en prends alors plein la hure.
J'essuye aussi de belles injures
Des pires enflures en pleine biture.
En mauvaise posture, je me récolte
Des blessures, des égratignures,
Même des meurtrissures.
Je prends toutes ces mésaventures
Sans un murmure,
Mais je me sens en déconfiture.
Du gai temps d'Epicure, c'était la démesure.
Fumer ou bien cracher n'étaient pas des bavures.
Mais à présent, il faut une armure
Afin de virer les créatures.
Ce beau métier n'est pas sinécure,
Vers le dépôt, à toute allure.
Là-bas m'attendent des tâches dures
Comme nettoyer toutes les chiures,
Les salissures, et les vomissures,
Les ordures, les éclaboussures,
Vous parlez d'une aventure,
Mais je n'en ai cure.
Je prends tout ça avec la plus plate désinvolture,
Mais je me perds en conjectures.
Il n'est pas à exclure, dans un proche futur,
Que je prenne une doublure.
No comment !