Sauna...
Une goutte vient de tomber sur ta peau.
Scintillante, elle frémit cette goutte d'eau.
De ton cou, elle avive le satin.
Aventureuse, elle y trace un dessin.
Tapi dans la pénombre, je ne vois
Que le cadre où se joue son destin.
Elle s'arrête, médite sur le choix du chemin qui mène
vers ton sein.
Ah, ce coulis sur ton cou lisse !
Cette goutte me coule des frissons dans le dos.
Je m'inquiète comment se perdra ce joyau.
Je commence à me noyer dans cette perle
Qui me submerge telle une vague qui déferle.
A travers les vapeurs, je ne vois
Que ta gorge et le haut de ton sein.
Où est-elle dans l'ombre ? Ah, la voilà...
Elle glisse en son méandre fin.
Elle glisserait sur ta réglisse...
Fait chaud là, dans ce sauna.
Il me faut coûte que coûte cette goutte,
Ou alors, qu'on me branche un goutte à goutte !
Je reste coi, que je reste si c'est fou,
Cette larme qui dévale au gré de ton pouls.
Farfadet épris de sa course légère,
Elle hésite au rythme lent de ton artère.
Elle se déroute de la pointe, elle m'envoûte.
Je sais qu'elle est l'arme, le venin
Qui me détruira si je la goûte...
Mais tu l'essuies sans qu'elle scelle nos destins.
Tu l'annules d'un simple revers de la main !
Ca me dégoûte !
Je suis sot, na...
Je m'en souviens très bien. J'étais dans ma maison de Vers Pont-du-Gard
et j'avais fait du jardinage toute la journée. Plein été,
j'ai amené ma guitare
et mon cahier à la table de jardin près de la piscine et je
me suis baigné.
Rafraîchi, je me suis mis à mon lutrin champêtre. Une goutte
est tombée
de mon visage sur le cahier.
J'ai alors chanté "Une goutte vient de tomber sur ma page".
Et j'ai commencé à écrire sur cet élan. Peu à
peu, l'histoire s'est transformée.
J'ai écrit la chanson d'un seul jet, sourd et aveugle aux trois jeunes
allemandes
qui s'ébattaient à présent dans la piscine derrière
moi.
Je crois qu'elles ont bien essayé d'attirer mon attention.
Peine perdue, j'étais dans ma chanson jusqu'au bout.