Il est deux heures, encore trop tôt pour me coucher,
Mais malgré l'heure, je t'ai appelée, c'est occupé,
Je sens un vide au fond des tripes, je vais manger.
Au fond d'la cave, j'ai déniché un vieux Tokay,
Je le conjugue au reblochon et pain grillé,
Et je sirote ce vieux Tokay encore fruité.
Emoustillé avant la poire, je veux un café,
Je me sens mieux. Au fond de moi, le feu renaît,
Ma vie défile, se rembobine, me pousse au crime,
J'atteins des cimes d'espoirs intimes,
Que j'imagine, ivresse sublime dans la cuisine.
Il est quatre heures sur le lit vide à peine défait,
Dans le reflet de la psyché, je me vois cerné,
Par un monde fade, dégénéré et sclérosé,
Je ne souhaite pas dans ce face-à-face y figurer,
Ecartons vite la tentation de se torcher,
Trouvons plutôt une solution pour échapper
A cette molesse, à cette paresse qui tire les traits,
Et tirons-les avec ivresse sur le passé...
Un peu livide, mon verre se vide,
Et moi avide qu'il soit mon devin,
Nous sommes deux vins, deux vrais vieux toqués,
Pourtant renommés en vieux pinots grisés
Et cramoisés (et champlurés).
Allez, encore une p'tite lichette !