Tout au long du glabre bitume
Qui fait au chemin triste costume,
Où résonnent tes pas dans la brume,
Glas sonnant sur cette noire enclume,
Tout au long du glabre bitume,
Où ton beau devenir se déplume,
Où les miasmes de chimie t'enfument,
Où ta santé mentale s'embrume,
Tout au long de ce gris bitume,
Que tu inhales et qui t'inhume,
Recouvrant ton vivant de posthume,
Vois à quoi ton destin se résume.
Ne nous cherche pas au long des pâles rues,
Lorsque tu verras un vieux panneau routier,
Rouge et blanc sur un fond bleu bien rouillé,
Rédigé de ces mots "Voie sans issue",
Tu sauras que tu es bientôt arrivé,
Et qu'il n'y a que là que tu peux nous trouver.
Tout au bout du glabre bitume,
C'est le foyer de toutes amertumes,
C'est là que se concoctent les brumes,
Là où la société se consume,
A ce bout du glabre bitume,
Ici, le bon terreau se remplume,
Le chemin dévêt son noir costume.
Il est temps d'oublier tes coutumes.
Tout au bout de ce gris bitume,
Tu vois bien, car tes yeux s'allument,
Tu nous trouves parmi nos légumes,
Loin des routes et de leur noir bitume.
On a élu domicile loin de ces rues,
Là où nos sens ne sont pas interdits,
On habite au bout de la voie sans issue,
Et on est sûrs que la vraie voie sans issue,
C'est bien là-bas quand on s'éloigne de chez nous,
Qu'on va vers la ville sur ce drôle de bitume...
Nous, on habite à la voie sans bitume.
Quel pied d'habiter au fond d'une impasse,
d'être oublié des foules très pidantes...
Quel pied non pas marin, comme à Mazan,
pourtant loin de la mer (deux chemins s'y appellent ainsi),
mais bien dans la glaise, le compost et les vers de terre.